Valerie Smith, directrice, Solutions chez Parachute, a eu la chance de participer au congrès international de Vision Zéro à Stockholm, en Suède, les 14 et 15 juin dernier. 

Pourquoi la Suède?

Le concept Vision Zéro a fait son apparition dans ce pays en 1995. Depuis ce temps, le nombre de décès causés par des accidents de la route y a diminué de moitié. Son système de transport est l’un des plus efficaces au monde. Bien que son gouvernement ait adopté Vision Zéro il y a plus de 20 ans, il a profité du congrès de cette année pour le relancer en tant que Vision Zéro 2.0. Ses représentants ont indiqué clairement que la seule voie possible est de viser une cible de zéro, et que pour ce faire, plus d’efforts devront être consacrées au maintien du succès. Vision Zéro 2.0 mène la Suède vers 2030. Elle lui permet de se concentrer sur l’innovation et l’adaptabilité dans ses travaux visant à assurer la sécurité de la mobilité. Nombre d’entre nous considèrent la Suède comme le modèle à suivre relativement à Vision Zéro. Toutefois, alors que ce concept croît et s’adapte, ce pays se tourne maintenant vers l’extérieur et tire parti des approches extraordinaires conçues par différentes villes, qui réaffirment ainsi leur engagement envers la sécurité routière. 

Qui a participé à ce congrès?

Plus de 200 délégués provenant de pays du monde entier, y compris le Kenya, la Malaisie, l’Inde, Israël, le Mexique et la Colombie. 

Qu’en est-il de Vision Zéro à travers le monde? Qu’est-ce qui est ressorti de ce congrès? 

L’une des principales leçons de cette rencontre est que Vision Zéro s’adapte et doit s’adapter à divers contextes. Les villes du monde entier ne sont pas toutes conçues de la même façon. Leur capacité, leur infrastructure, leur culture, leur histoire et leurs politiques varient considérablement. Tous doivent adhérer aux principes fondamentaux de Vision Zéro, mais les pays et villes du monde déploieront et privilégieront leur propre version. Il a été très intéressant de prendre connaissance des différentes façons dont les villes la mettent en œuvre sur leur territoire en affrontant et en relevant leurs propres défis.

Rohit Baluja, président de l’Institute of Road Traffic Education de l’Inde, a relaté les succès et les défis des questions de sécurité liées aux véhicules à deux roues dans les rues de Delhi. Près de 73 % de plus de 200 millions de véhicules y circulent sur deux roues. Pourtant, l’Inde continue de sous-traiter l’ingénierie de la circulation plutôt que d’établir une politique de transports publics compatible convenant à son contexte particulier. M. Baluja a fait référence au concept GIGO (à données inexactes, résultats erronés) pour faire valoir l’importance d’utiliser des interventions fondées sur des preuves et d’agir avec diligence relativement aux données pour que les efforts ne soient pas vains. 

Leah Shahum, du réseau Vision Zéro américain, a parlé du pouvoir du mouvement populaire pour pousser Vision Zéro vers l’avant, avec un accent réel sur la priorisation des solutions pour les collectivités à faible revenu. Il a discuté de l’incidence des interventions, comme l’augmentation de la coercition, de même que des résultats négatifs non désirés sur ces collectivités. 

Laura Ballesteros, sous-secrétaire du ministère de la Mobilité du Mexique, a partagé la manière dont celui-ci cherche à opérer un énorme changement de paradigme en matière de mobilité en adoptant de nouvelles politiques et lois. Il utilise ces politiques pour rendre les routes plus sûres et humaines pour les piétons en se concentrant principalement sur la réduction de la vitesse. À Mexico, il gère non seulement un système de transport public, mais aussi 23 millions de trajets par jour, dont 5,5 millions sont effectués en voiture. La réduction de la vitesse de 90 km/h à 70 km/h sur les autoroutes et de 50 km à 40 km sur les routes de quartier a entraîné une diminution de 18 % des décès en à peine un an et demi. Mme Ballesteros a souligné l’importance de demeurer fort et engagé dans une culture résistant aux changements. 

Winnie Mitullah, directrice de l’Institute for Development Studies, a parlé des défis du transport non motorisé dans des pays comme le Kenya, où les déplacements et la planification urbaine demeurent axés sur des solutions fonction de l’automobile. Cette approche dominante centrée sur la voiture n’accorde pas suffisamment d’attention à la marche et au vélo. De plus, elle place la mobilité et la sécurité dans deux silos distincts. Un changement important tant des orientations que des engagements politiques est nécessaire pour prioriser la marche et le vélo en tant que stratégies soutenant une politique de transport durable dans l’Afrique urbaine.

Que cela signifie-t-il pour le réseau Vision Zéro de Parachute?

La participation à de tels congrès et les présentations sur le mouvement Vision Zéro à travers le monde sont inspirantes. Elles permettent de plus à Parachute de partager ses connaissances, ses leçons apprises, ses connexions et ses histoires avec notre propre réseau de champions engagés de la sécurité routière.