Pour mieux comprendre le rôle que joue la technologie dans la mise en œuvre de Vision Zéro, nous nous sommes entretenus avec David Ferguson, gestionnaire des services de la circulation de la ville de Brantford. M. Ferguson, qui a plus de 20 ans d’expérience des services de transport municipaux acquise dans cinq municipalités, a mené plusieurs projets en lien avec la sécurité routière et Vision Zéro. Il est partisan du recours à la technologie pour aider les professionnels du secteur à améliorer la sécurité routière pour tous les usagers de la route. 

Pourquoi l’utilisation de nouvelles technologies de collecte de données en ville est-elle importante? 

La technologie progresse très rapidement, et les entreprises créent des programmes qui rendent l’évaluation des réseaux de transport rapide et simple. Il est important d’explorer ces nouvelles technologies pour aider les professionnels à évaluer le fonctionnement et la sécurité des réseaux routiers. Ces renseignements contribueront aussi la prise de décisions judicieuses grâce à une approche fondée sur les données afin de renforcer la sécurité de tous les usagers de la route.

Quel rôle la technologie joue-t-elle dans la mise en œuvre de Vision Zéro? 

Nous vivons une époque fascinante pour le secteur des transports : la technologie ouvre la voie à plus de sécurité sur les routes et aide les professionnels à atteindre leurs objectifs VZ. Ces nouveaux programmes et produits permettent aux organismes d’assurer une surveillance et de créer des rapports chiffrés pour cerner des domaines qui posent problème en particulier afin de se concentrer sur le financement et les ressources. La technologie permet d’analyser rapidement les lieux concernés, de définir des contre-mesures et de les mettre en œuvre pour réduire le nombre de blessures graves et de décès. L’augmentation de la demande en outils d’exécution automatisée a permis de souligner l’amélioration nette que l’on a constatée en matière de réduction du nombre de collisions graves et de la vitesse de circulation. L’utilisation de ces outils se généralisera au cours des années à venir : en effet, les services de police ont du mal à assurer les mesures d’exécution traditionnelles des règles de circulation.

Comment avez-vous utilisé les données recueillies pour obtenir l’adhésion des intervenants clés? 

Les données constituent l’un des piliers de VZ : elles permettent d’orienter le personnel dans la bonne direction. Les données peuvent prendre des formes variées. Elles peuvent provenir d’outils relativement simples, tels que des enquêtes publiques, ou être issues d’outils faisant appel à des technologies d’IA et de cartographie SIG pour définir les lacunes des réseaux routiers. Ces divers outils de recueil de données et les critères de mesure ainsi créés sont importants dans le cadre d’interactions avec les intervenants, car il s’agit d’éléments concrets présentant des renseignements clairs qui facilitent l’obtention de leur soutien envers les recommandations présentées par le personnel. Il s’agit d’un aspect crucial de tout programme VZ : un plus grand soutien des intervenants correspond à de plus grandes possibilités de réussite.

Pouvez-vous citer certaines réussites majeures de la mise en œuvre des technologies de recueil des données dans certaines villes? 

L’une des principales réussites auxquelles j’ai participé concernait la création d’outils de contrôle et de classement pour les réseaux routiers. Cette approche nous a permis d’étudier notre réseau et de comparer ce qui était comparable afin d’optimiser l’affectation de nos ressources sur les lieux les plus touchés par les collisions. L’utilisation des outils d’analyse est un autre exemple, et les technologies en lien avec l’IA permettent de repérer les problèmes à certaines intersections équipées de signalisation en particulier et de recommander des mesures correctives.

Pouvez-vous citer certaines difficultés de la mise en œuvre des technologies de recueil des données dans certaines villes?

Selon ce que j’ai pu constater, le principal problème auquel les municipalités sont confrontées, en particulier dans le cas des municipalités de petite taille, concerne le faible financement accordé et la nécessité de respecter les politiques d’approvisionnement. La procédure peut être inutilement longue et chronophage.

Comment avez-vous surmonté ces obstacles? 

En collaborant avec des entreprises qui nous ont aidés à réaliser les études nécessaires, en explorant les possibilités de subventions et de financement et en mettant à contribution les profits des programmes d’exécution automatisée pour financer les initiatives de sécurité routière. 

Quelle technologie recommanderiez-vous en cas de financement limité, et pourquoi? 

Selon l’expérience que j’ai acquise au fil des années, l’un des plus grands progrès réalisés a trait aux outils d’analyse vidéo et d’analyse fondée sur l’intelligence artificielle pour l’étude des intersections. Ces études et la capacité à définir des mesures correctives qu’ils rendent possibles présentent les plus grands avantages pour l’amélioration de la sécurité. Le renforcement de la sécurité aux intersections équipées de signalisation est l’aspect dont les effets sur la sécurité globale et l’atteinte des objectifs de Vision Zéro sont les plus importants.

Quels sont les entreprises ou organismes pionniers en matière de technologie de sécurité routière, et quels types de données recueillent-ils? 

De nombreux organismes de toute l’Amérique du Nord font preuve d’innovation technologique pour parvenir à leurs objectifs VZ. Portland, dans l’Orégon, Bellevue, dans l’État de Washington, Toronto, Ottawa et la ville de Surrey en Colombie-Britannique sont certaines des municipalités qui me viennent à l’esprit. En ce qui concerne les entreprises, plusieurs offrent des technologies d’évaluation du fonctionnement, du volume et de la vitesse de la circulation.

Quels conseils donneriez-vous aux représentants des villes qui envisagent d’avoir recours aux technologies de recueil de données? 

Mon principal conseil pour ces villes serait de commencer par élaborer un plan et de définir leurs besoins ainsi que les domaines sur lesquels on souhaite se concentrer en priorité. La sécurité routière et Vision Zéro ne sont pas des projets qui peuvent être traités dans le cadre d’un plan qui s’étend sur une seule année : l’amélioration de la sécurité est un projet à long terme, qui peut évoluer et se transformer d’une année sur l’autre. Je recommande de se concentrer sur les priorités définies et de suivre les programmes établis, conformément au plan élaboré. Des améliorations aux intersections contrôlées par des feux de circulation et sur les lieux qui posent problème dans le cas des piétons sont les aspects qui présentent le plus fort potentiel d’amélioration de la sécurité. Dans le cadre d’une étude que j’ai dirigée par le passé, nous avons établi que l’on observait des blessures dans plus de 80 % des collisions impliquant des piétons. S’il est possible de mettre en œuvre des mesures en faveur de l’amélioration de la sécurité des piétons, on pourrait en théorie réduire l’occurrence de blessures de 80 %, ce qui contribuerait largement à l’objectif VZ.

Un autre aspect important de VZ concerne sa nature fondamentalement collective : le programme doit faire appel à l’ensemble de l’organisme, sans se limiter à un seul service. Chacun doit contribuer à la mise en œuvre des solutions, qu’il s’agisse des services de l’ingénierie, du développement, de la santé publique ou de la communication, des conseils scolaires ou encore des services de police.